Journée de négociation pour les M2 Science Politique
La traditionnelle journée de négociation des M2 Science Politique s'est tenue le jeudi 29 septembre 2016, dans la salle Guy Debeyre. Cette année, les étudiants, membres des différentes délégations de l'Union Européenne pour un jour, étaient invités à débattre des articles 16 et 18 du traité constitutionnel européen afin de mettre en pratique leurs acquis du cours de Théorie et pratique de la Négociation. Nous retraçons cette journée pour vous.
A 9h, les délégations prennent place autour de la table et expriment brièvement leurs positions quant aux deux articles à l'ordre du jour : les Articles 16 et 18 du traité constitutionnel européen, ayant respectivement pour objet la Présidence du Conseil Européen et la Commission Européenne. Deux camps se dessinent : celui des ''grands'' États contre celui des plus petits.
La séance est suspendue à 9h45, afin de permettre aux délégations de procéder à d’éventuelles négociations. Tandis que la présidence slovaque s'applique à rédiger, puis à faire circuler, une proposition de compromis prenant en compte les souhaits des différentes délégations, très rapidement, les plus petits pays s’unissent afin de trouver des positions communes qui conviennent à chacun. Les tractations s’annoncent davantage tendues pour les pays les plus importants qui peinent à s’écouter et à faire des concessions.
Suite à cette interruption, la séance reprend.
Il est 14h. La proposition de compromis de la présidence fait débat. La coalition des plus petits pays ouvre les négociations en exprimant sa position sur l’article 16. La vision de la Présidence est au cœur des discussions, qui se déroulent sereinement. La présidence collégiale semble finalement faire l’unanimité auprès des différentes délégations.
À 16h30, la Présidence suspend la séance afin de rédiger sa proposition finale.
A 17h, la séance reprend. Lecture est faite par la présidence des propositions finales. La présidence sera assurée par un collège de trois présidents de manière rotative pour 18 mois. La Commission, quant à elle, sera composée d’un président et de commissaires représentant deux tiers des États membres. Elle sera responsable devant le Parlement Européen qui peut la censurer. La journée se termine sous les applaudissements des différentes délégations, qui peuvent se targuer, malgré des négociations de couloir parfois houleuses, d’avoir réussi à se mettre d’accord sur ces enjeux fondamentaux pour le développement de l’Union Européenne.
Nos conseils aux futures promotions :
Étudier la position de sa délégation en amont des débats.
Après une présentation orale générale en début de journée, les représentants des États membres de l'Union Européenne devaient revendiquer des positions nationales plus précises au sein de débats parfois anarchiques. Pour ne rien arranger, des confusions se sont parfois fait sentir de la part de certains négociateurs, collaborant au chaos ambiant. On a ainsi pu observer certaines délégations s'interroger et vérifier leurs positions passées avant de les revendiquer dans des négociations parfois relativement avancées, renforçant l'aspect désordonné des débats, principalement durant les premières heures de négociation. Ayez donc bien préparé la position de votre délégation pour tirer
votre épingle du jeu. Vos négociations auront plus de poids que celles d’une délégation qui improvise au fil des débats !
Ne pas limiter les négociations.
Les Grands États ont pu avoir tendance à afficher une certaine distance vis-à-vis de certains des plus petits pays, notamment en se coupant de leurs délégations dès le commencement des négociations de couloirs, déterminant indirectement l'alliance des États exclus. On peut penser que des alliances plus favorables à nombre de délégations ainsi qu'au groupe auraient pu émerger si les différents pays avaient choisi d'élargir le champ de leurs interlocuteurs. N’oubliez pas que l’union fait la force et que pour gagner une négociation, il faut pouvoir convaincre tout le monde !
Ne pas camper sur ses positions.
Nombre de délégations sont tombées dans le piège du positionnalisme, cherchant à camper sur leurs positions de départ, notamment parmi les grands États. Qu'il s'agisse de la mésentente entre Espagne et Italie, ou un peu plus tard, lors d'une réunion des plus grands pays, des discussions tendues autour de la question de la présidence du Conseil, les délégations ont parfois cherché à faire prévaloir leurs intérêts nationaux, endiguant les négociations. Les débats se sont parfois retrouvés bloqués là où des compromis auraient facilement pu être trouvés. En négociation, il faut savoir privilégier le but final, ici la signature d’une proposition finale mettant d’accord tous les pays, plutôt que de rester focalisé sur ses intérêts personnels. Fermeté et compromis, la recette d’une bonne négociation !